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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/360

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CLÉONE.

Il est bon, celui qui vous déchire le cœur ! Ah ! c’est vous, Sapho ; c’est vous qui êtes admirable !

SAPHO.

Dois-je être injuste envers Phaon, parce qu’il m’a fait souffrir ?

CLÉONE.

Tu peux lui pardonner. Mais moi !…

SAPHO.

Cléone, tu contempleras chaque jour ses traits ravissans. Quand le cor retentira dans les bois, tu le verras passer sur le sommet des monts, et dompter un cheval sauvage, qui frémira sous sa main. Aux jeux olympiques, il sera vainqueur ; toutes les femmes de la Grèce envieront ton sort, et diront : « Voilà celle que le plus beau des mortels a préférée. »

CLÉONE.

Cet attrait passager peut-il suffire au bonheur ?

SAPHO.

Penses-tu que les dieux lui aient donné ces charmes comme un simple ornement que le souffle du temps doit flétrir ? C’est son âme généreuse, dont sa figure est le symbole ; ce sont