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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/116

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trouvaient, et d’acheter pour trois dotis de grain, achat qui, dans cette solitude, nous était indispensable.

Trois jours s’écoulèrent sans que mes hommes revinssent ; c’étaient Kingarou et les deux Mabrouki. Les provisions baissaient ; la chasse était mauvaise ; le gibier se tenait trop loin : en deux fois je n’avais tué qu’un tétras, une caille et quelques pigeons.

Enfin reparut Bombay ; il n’avait rien retrouvé. Je lui enlevai son grade, et j’envoyai Shaw voir ce que devenaient les autres. Il revint le soir avec une forte fièvre, un accès de moukoungourou ; mais il ramenait les trois soldats, qu’il avait rencontrés & moitié chemin, et qui me firent le rapport suivant :

Arrivés à Simbo vers deux heures du matin, ils en avaient battu les environs, cherchant partout les pas du cuisinier, ainsi que les traces de l’âne. Ne trouvant rien, ils s’étaient rendus à l’Oungérengéri, et avaient demandé aux propriétaires du pont quels étaient les gens qui l’avaient traversé depuis le passage du Mousoungou. On leur avait répondu qu’un âne blanc, chargé de telle et telle façon, et qui effectivement faisait partie de ma caravane, avait repassé la rivière, conduit par deux indigènes, mais qu’on n’avait pas vu l’homme dont ils parlaient.

Ne doutant pas que Bander n’eût été assassiné, mes trois soldats avaient gagné Simbamouenni en toute hâte ; et, sans reprendre haleine, avaient dit aux guerriers de la porte de l’ouest, que deux Vouashenzi devaient avoir traversé leur ville avec un âne blanc, dont ils avaient tué le maître, un homme vêtu en Hindi, et appartenant au Mousoungou.

Conduits devant la souveraine, mes soldats avaient répété leur histoire ; et comme effectivement les gens du guet avaient vu passer les deux Vouashenzi, la dame avait expédié vingt de ses mousquetaires à la poursuite des voleurs, qu’on lui avait ramenés avec l’âne et avec les bagages.

Aux questions que leur avait adressées la sultane, les deux hommes avaient répondu qu’ils avaient trouvé l’âne attaché à un arbre avec sa charge ; que la bête se trouvait seule et qu’ils l’avaient prise, croyant y avoir droit, puisque personne n’était là pour la réclamer.

« Reconnaissez-vous la bête ? » avait demandé la sultane à mes hommes. Ceux-ci avaient non-seulement reconnu l’âne et les effets, mais en avaient réclamé le propriétaire comme étant à mon service. Sur quoi la sultane avait accusé les voleurs d’avoir