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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/201

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de prime abord, semblaient trop insignifiants pour être pris en considération, détails de coiffure, d’ornements, de tatouage, d’élongation des oreilles, qu’on arrivait à reconnaître les représentants des diverses tribus[1]. Il existe assurément des différences, mais qui nous paraissent moins nombreuses et moins prononcées qu’il ne l’a été dit.

Par suite de leurs rapports avec une demi-civilisation, les Vouasahouahili ont une certaine apparence qui, au premier coup d’œil, les fait mettre au-dessus de leurs frères de l’ouest. Ils sont mieux vêtus et semblent à demi policés. Mais si en grattant le Russe on trouve le Tartare, on peut dire avec non moins de raison que sous la blanche tunique du Msahouahili se cache un sauvage. Au bazar ou dans la rue il vous parait à demi arabisé ; ses manières onctueuses, ses courbettes, ses génuflexions, le patois dont il se sert, tout vous annonce son contact et son affinité avec la race qui le domine. Une fois sorti de la Mrima, il jette sa robe blanche, et vous ne voyez plus que sa peau noire, son prognathisme, ses grosses lèvres. Entre lui et un Mshenzi, l’œil le plus perçant ne fait aucune différence. Pour le distinguer, il faut connaître son origine.

La première peuplade que nous voyons en sortant de la Mrima, est celle des Vouakouéré, dont la province peu étendue se trouve entre l’Ouzaramo et l’Oudoé. Placés à deux jours de marche du rivage, les Vouakouéré sont les premiers Africains de race pure que rencontre le voyageur. D’un caractère timide, ils paraissent incapables d’attaquer les passants. Des gens inoffensifs entre tous, et qui n’en ont pas moins une très-mauvaise renommée. Les Arabes et les Vouasahouahili prétendent qu’ils sont extrêmement déshonnêtes, ce qui pour moi ne fait pas le moindre doute. Ils m’en ont fourni la preuve aux stations de Kingarou Héra et d’Imbiki.

Les chefs de la partie orientale de l’Oukouéré reconnaissent la suzeraineté nominale des dihouans de la Mrima. Ils ont choisi les fourrés les plus épais pour y établir leurs villages. Chacune des avenues qui peuvent y conduire sont fermées par des portes solides, qui ont rarement plus de quatre pieds et demi de hauteur, et qui parfois sont assez étroites pour qu’on ne puisse s’y introduire qu’en se mettant de côté.

  1. Ce sont précisément ces détails qui ont servi à Burton pour caractériser les tribus qui les présentent, et qui ne les ont adoptés que pour se distinguer les unes des autres. (Note du traducteur.)