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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/207

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des tas de cendre qui marquent les places où de nombreux vouaganga ont été mis à mort.

Tant que ses prédictions se réalisent et n’amènent que du bien, le sorcier reste en faveur ; mais qu’une famille soit frappée d’une calamité qui ne lui semble pas ordinaire, elle jure que c’est le résultat d’un maléfice et accuse le mganga. Aussitôt les inquisiteurs se rassemblent et prononcent l’arrêt, qui, en tout pays, a frappé les sorciers. Le bois sec est rapidement trouvé dans la forêt voisine, et l’infortuné périt dans les flammes. Comme avertissement à ses confrères, on suspend sa choukka à la branche qui est au-dessus de l’endroit où il a subi la sentence[1].

Nous trouvons ensuite les Vouasagara, dont le territoire s’étend de la Makata au désert de Marenga Mkali, sur une longueur de soixante-quinze milles géographiques, et une largeur de près de trois degrés de latitude. Ainsi que nous l’avons vu, il se compose d’un groupe de montagnes et de leur base. La chaîne s’y dirige du sud au nord en inclinant à l’est. Elle doit avoir son point culminant à six mille pieds au-dessus de la mer. Le mont Kiboué, près de Kadétamaré, s’élève à deux mille cinq cents pieds au-dessus du niveau de la vallée, et celle-ci est a deux mille pieds au-dessus de l’Océan. Mais il y a aux environs de l’Ougombo, dans le massif du Ngourou, des sommets qui, d’après notre estime, dépassent de quinze cents pieds au moins celui du mont Kiboué.

Au nord, et vue à peu de distance de la Makata, la chaîne parait beaucoup plus haute et plus escarpée que dans la portion qui touche à la passe de la Moukondokoua. Les nuages qu’apporte la mousson rencontrent ces montagnes et s’y arrêtent ; ils versent la pluie qu’ils renferment sur les sommets qui les retiennent, sur les pentes qu’ils ont gravies ; et l’eau retombe en ruisselets et en torrents, puis s’écoule en rivières dans la région maritime, sans avoir franchi le rempart derrière lequel s’étend la plaine altérée.

Quelle que soit à ce sujet l’opinion des géographes, la chaîne de

  1. La choukka, morceau de cotonnade plus ou moins large, mais d’une longueur fixe de quatre coudées, à partir de Zanzibar jusqu’à l’Ounyamouézi, où elle commence à être d’une longueur double, constitue le vêtement de ces peuplades. Elle se porte de différentes manières, et généralement autour des hanches, d’où elle retombe en forme de jupe. Le doti, ou double choukka, est à l’usage des femmes, qui s’en composent un fourreau, porté soit au milieu, soit au-dessous de la poitrine, Choukka est le nom arabe de cette écharpe que les gens du Sahouahil appellent oungoua, et les tribus de l’intérieur oupandé ou loupandé. (Voir Burton, Voyage aux grands lacs, page 135. Librairie Hachette, 1862.) (Note du traducteur.)