Aller au contenu

Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Ousagara me paraîit être, dans cette région, ce que les Montagnes-Rocheuses sont au centre de l’Amérique du Nord. Je considère cette chaîne comme l’épine de l’Afrique orientale. Le Kilima-Njaro est situé par de longitude est ; le mont Kénia par  ; je place le mont Kiboué par  ; et Burton, envisageant la vallée que traverse le Roufidji, comme une simple lacune de la chaîne, pense que les monts de l’Ousagara « ont leur point culminant dans le Njésa-Ouhiyou[1]. »

Qu’il y ait dans cette chaîne de larges interruptions ne prouve rien contre ma théorie. Si la vallée du Rouhoua (cours moyen du Roufidji) n’est qu’une brèche de l’Ousagara, pourquoi verrait-on autre chose dans celle de la Moukondokoua ? Pourquoi les plaines de l’Ouhoumba (Oumasaï) ne seraient-elles pas une simple lacune, entre deux chaînons ? Pourquoi le Kilima-Njaro, le mont Kénia et ses deux voisins, le Msarara et le Doeno Camouea, soulevés tous sur la même longitude, n’appartiendraient-ils pas à une seule et même chaîne ?

L’effet qu’on observe à l’est et à l’ouest des Montagnes-Rocheuses, se voit également sur les deux rives des monts de l’Ousagara. Personne n’ignore que la plaine du Colorado, le Wyoming, et une grande partie du Nébraska, situés au levant de la grande chaîne américaine, n’ont pas à beaucoup près la richesse des bords du Missouri, et que le Grand-Bassin, qui est au couchant des mêmes montagnes, est loin d’être aussi fertile que les terres placées à l’ouest de l’Utah. Ces régions dépourvues de bois ont, de chaque côté de la montagne, une largeur qui varie de cinq cents milles à huit cents, sur une longueur de près de deux mille milles du nord au sud.

Nous n’avons pas en Afrique une pareille étendue ; mais il faut se rappeler qu’au lieu d’une altitude moyenne de onze à douze mille pieds, qui est celle des Montagnes Rocheuses, l’Ousagara

  1. Il y a ici une faute d’impression, ou une variante des paroles de Burton, L’Ousagara, dit textuellement ce dernier, s’étend vers le sud jusqu’à la ligne des Hautes-Terres dont le Njésa, dans l’Ouhiao, est représenté comme te point culminant. « Usagara is extending southwards to the line of highlands of whhich Njésa in Uhiao is said to be the culminating apex. » (Journal of the Royal Geographical Society, vol. XXIX, page 161.) Le Njésa, d’après le voyageur anglais, serait donc le point culminant des highlands dont l’Ouhiao fait partie, et non pas de la chaîne entière. Ces highlands, qui se prolongent jusqu’au Chiré, ont bien effectivement des sommets plus élevés que ceux de l’Ousagara proprement dit ; mais Burton, ainsi que M. Stanley, étendant cette chaîne vers le nord jusqu’au mont Kénia, les huit ou dix mille pieds des pics de l’Ouhiao seraient peu de chose à côté des six mille cinq cents mètres du Kilima-Njaro, même de l’altitude de ses voisins. (Note du traducteur.)