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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/469

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CHAPITRE XVI

D’Oujiji à Kouihara.


Ce fut avec une joie réelle que nous nous retrouvâmes chez nous, assis tous les deux sur la peau d’ours, sur le tapis de Perse, sur les nattes fraîches et neuves, le dos appuyé contre le mur, sirotant notre tasse de thé, comme des gens qui ont toutes leurs aises, et causant des incidents du picnic, ainsi que le docteur appelait notre voyage au Roussizi.

Bien que notre maison fût plus que modeste, et que nous n’eussions pour serviteurs que des barbares peu vêtus, il nous semblait être revenus au bon vieux temps que nous aimions à nous rappeler. Cette maison, d’ailleurs, si humble qu’elle fût d’apparence, évoquait chez moi les plus doux souvenirs. C’était là que j’avais rencontré Livingstone après ce long voyage, si rempli d’inquiétudes ; là que j’avais écouté sa merveilleuse histoire, et la description des lieux enchantés qu’il a vus à l’ouest du Tanganika ; là enfin que je l’avais connu, admiré de plus en plus tous les jours, et que j’avais eu cette joie de lui entendre dire, non-seulement qu’il acceptait mon escorte pour se rendre à Kouihara, mais qu’il me permettait de faire les frais du voyage.

Tant que je vivrai, ces pauvres murailles de terre, ces chevrons nus, cette couverture de chaume, cette véranda auront pour moi un intérêt historique ; et j’ai voulu immortaliser l’humble demeure en en faisant le croquis.

J’ai dit que mon admiration pour Livingstone avait grandi de jour en jour ; rien n’est plus vrai. Cet homme, près duquel je m’étais rendu sans éprouver d’autre intérêt que celui qu’eût fait naître en moi n’importe quel personnage, dont j’aurais eu à dépeindre le caractère ou à détailler les opinions, cet homme avait fait ma conquête.

Mon intention bien arrêtée, je l’affirme, était de prendre note de