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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/263

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reçoit avec bonté. Nous parlons de M. de Saint-Vallier, qui lui fit accepter la Croix de la Réunion, pour laquelle il n’y avait point de serment à prêter ; Canova refusa courageusement la croix de la Légion d’honneur, parce qu’il fallait un serment. Il est profondément religieux ; je me sens rempli de respect devant sa personne ; quand je vais à l’audience d’un roi, mon esprit est tout à l’épigramme. Une seule chose me choque dans Canova : par prudence, il ne blâme aucun artiste, si mauvais qu’il soit. J’ai parlé du Corrège avec Canova ; j’éprouve une extrême satisfaction de voir que je sens le Corrège un peu comme lui. Il me dit : « Je veux faire une jeune fille réveillée par son amant, qui chante dans la rue. Je tomberais facilement dans l’indécence en un tel sujet, et je jetterais plutôt mes ciseaux. Heureusement, j’ai trouvé un moyen : c’est un petit Amour qui joue de la lyre près de la nymphe, et qui la réveille. Je compte que cette figure, éloignée de la réalité, ôtera l’indécence[1].

Ici, comme à Bologne, j’ai trouvé des amours qui durent depuis six, huit, douze ans ; la plupart se sont formés en quelques jours. Dès que vous voyez, dans la société, qu’une femme vous regarde avec plaisir,

  1. Ce groupe est en Angleterre.