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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/33

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laquelle on avait préparé votre âme, l’auteur s’amuse à broder des voyelles et reste, comme par enchantement, la bouche ouverte, au milieu d’un mot, pour donner passage à une foule de sons inarticulés ! De toutes les invraisemblances que vous pourrez dévorer, voyez s’il en est de plus forte et de plus choquante. Que diriez-vous d’un acteur qui, déclamant une scène tragique, entremêlerait ses gestes des lazzi d’Arlequin ?

» Je crois et je dis que la musique vocale italienne s’étant confondue (vers 1779) avec la musique instrumentale, la multitude des petits sons dont on a surchargé les syllabes, a presque toujours détruit l’harmonie propre du vers, et qu’au lieu d’embellir et de fortifier la parole, le compositeur a fait dégénérer la parole en ramage. »

À l’époque où un bel esprit de Paris, l’abbé Arnaud, dictait ses arrêts, Galuppi, Sacchini, Piccini, Paisiello, Guglielmi, Zingarelli, Cimarosa enchantaient l’Italie. Ce n’est pas que je taxe l’abbé Arnaud de mauvaise foi ; mais il faudrait se connaître. Cet académicien ne pouvant pas lire dans son cœur comment la musique plaît, aurait pu trouver l’explication de ce phénomène dans Grimm.

Les Italiens sont en général fort indif-