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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/34

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férents à tous ces jugements ténébreux. Lorsque je suis à un bal charmant, au milieu de tous les plaisirs délicats, près de Mme de B… et écoutant Mme de Staël, que m’importe que le pauvre pédant qui passe dans la rue s’arrête pour prouver à la porte cochère que je suis dans la boue et dans le froid comme lui ?

Un Vénitien s’est cependant amusé à rassembler ce que les MM. Boutard de la musique écrivaient vers 1770. Voici quelques phrases de son pamphlet qui est une lettre adressée à un Français :

« Permettez-moi, Monsieur, de remercier vos compatriotes de ce qu’ils veulent bien nous apprendre que leur théâtre dramatique passe dans toute l’Europe pour être l’école de la belle déclamation, de ce que leurs chants se saisissent, se retiennent aisément, tandis qu’il en est tout autrement des nôtres.

» J’admire la sagacité qui leur fait sentir que l’idée de musique italienne comporte celle de la légèreté.

» Je les félicite de l’excès de modestie qui leur a persuadé que personne n’a, comme eux, l’intelligence et le discernement nécessaires pour pouvoir donner aux morceaux de grande expression cette dignité et cette grâce que leur procurent les accompagnements coupés ; genre de beauté