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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/330

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plusieurs rapports, de ses compatriotes. Son ameublement était aussi simple que sa façon de vivre, plutôt au-dessous qu’au-dessus de son rang. Un poêle au mois d’avril et un portrait barbare du sultan Mahmoud, peint à Constantinople, étaient les principaux ornements du vaste salon où il donnait audience aux officiers russes se rendant à Moscou ou à Odessa, aux voyageurs à leur retour d’Égypte, aux amateurs de la langue éthiopienne, et aux lettrés qui venaient exploiter les découvertes de monsignor Maïo. Il trouvait encore le temps de soigner les intérêts de la Russie près de Sa Sainteté, et l’Église grecque n’avait jamais à se plaindre de son ambassadeur.

L’envoyé d’Espagne gardait une sorte de réserve du même genre, quoique je doute fort qu’il eût pour la justifier d’aussi bonnes raisons. Mais un ambassadeur de Ferdinand VII doit être un véritable Protée ; les ombres de la dernière révolution s’étaient depuis longtemps étendues jusqu’à Rome, et avaient considérablement rembruni les ténèbres habituelles du Palazzo di Spagna. Même dans des temps ordinaires, le représentant de sa majesté très catholique n’occupe pas la position la plus brillante au centre du catholicisme ; et plutôt que de n’être pas le premier, il aime mieux n’être pas du tout.