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filosofia nova

Je ne vois donc que trois choses dans la tête : 1o le pouvoir conceptif ; 2o la mémoire ; 3o l’imagination.

La tête est absolument le valet de l’âme (l’ensemble de tous nos désirs et passions).

L’âme fait obéir la tête comme le corps.

Cette expression : je suis tout amour n’est vraie que lorsqu’on est prêt à sacrifier sa vie à son amour. Car sacrifier sa vie, c’est sacrifier l’âme et par conséquent toutes les passions et désirs.

On ne peut étudier la tête presque que chez soi ; on ne peut observer chez les autres que la manière de raisonner, la liaison des idées.

Un corps quelconque créé par l’imagination fait impression sur la mémoire. Il y a des choses que je vois dans ma mémoire et dont je ne sais plus si je les ai faites, vues, songées, ou si elles m’ont été racontées.

L’âme fait contracter des habitudes à ses deux valets : le corps et la tête.

Le corps et la tête ayant contracté des habitudes guident l’âme sans qu’elle s’en aperçoive.

C’est l’âme qui, accoutumant la mémoire à lui offrir telle image ou conception, après telle autre image ou conception, fait que dans la suite elle ne peut plus lui demander la première de ces images ou conceptions que toute la suite n’arrive.