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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/199

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pensées

pas aux mêmes sensations. Gilbert, parle fort bien là-dessus. Chaque genre (comédie, tragédie, poème épique, églogue) a une beauté propre ; en transportant dans un genre une beauté assignée par le bon sens à un autre genre on ne fait que du médiocre.

*

h. La base de cet ouvrage (pour moi seulement) est de faire la liste de tous les genres de jouissances qui peuvent venir aux lecteurs du livre qu’il a entre les mains. Ce lecteur peut varier à l’infini. M’en tenir au républicain parfait et au courtisan parfait. Dans un beau cabinet, dans un taudis, ou sous des ombrages frais aux îles Borromées, il doit y avoir un bien grand nombre de ces jouissances. Souvent chaque phrase en donne une nouvelle.

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h. Le style n’est mauvais que parce qu’il n’est pas vrai. La première qualité d’un style est donc qu’il ne cause pas la plus petite idée fausse dans la tête du lecteur qui sait sa langue. Dans cette phrase même, la plus petite idée fausse est mauvais. Il fallait : la plus petite différence entre ce qui existe et ce que le lecteur entendra. Il faut que si le lecteur était