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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/209

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pensées

ciel très étoilé de la Macédoine, près de cette grande roche où il s’était assis d’abord, est la plus touchante pour moi de toutes celles que je connais. Elle a quelque chose de divin. Le corps n’y triomphe point. C’est une âme d’ange qui abandonne un corps, sans le faire souffrir. Elle s’envole.

J’ai perdu non pas des sentiments, mais de bien belles pensées faute d’avoir avec moi du papier et une plume.

*

h. Les hommes admettent moins d’erreur. Je trouvai la preuve de cela dans quelque faiblesse de Brutus (non pas pour le vice, cette âme céleste ne fut jamais souillée par aucun), et dans les préjugés des soldats. Ils croyaient aux présages, choses dont les nôtres sont guéris, voilà une grande erreur de moins.

Il n’y a point de mélange de fausse grandeur dans la vie de cet homme-là. Peut-être toute fausse grandeur vient-elle originairement de la vanité. Suivre cette idée, et avoir toujours en lisant du papier et une plume. Je perds de belles pensées aujourd’hui.

De tous les hommes c’est Brutus que j’aime le mieux. J’aurais du plaisir à