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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/215

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pensées

3o Le meilleur cœur lorsqu’il n’est pas joint à une bonne tête peut ne faire que peu de bien.

J’appelle le meilleur cœur celui qui est prêt à faire les plus grands sacrifices à ce qu’il appelle vertu, mais si sa tête ne lui a pas appris ce que c’est que la véritable vertu (il giovane ai pine, produire la plus grande masse de bonheur possible) il risque de faire de très grands sacrifices sans être très utile au bonheur des hommes.

Louis XII par exemple n’avait pas ce me semble une tête digne de son cœur. Car sans rien changer à son cœur, il pouvait faire beaucoup plus d’heureux. S’il avait un cœur excellent, ce qui est possible, il n’avait qu’à, avec une excellente tête, donner à la France une constitution républicaine et lui rendre la liberté. Tous les malheurs de François Ier, de la Ligue, de Louis XIV ne seraient probablement pas arrivés.

L’immense majorité des hommes ne raisonne que d’après les faits (dans les rapports sous lesquels je les considère, je les fais juges des grands hommes) et comme ces bons cœurs sans bonne tête ne lui ont fait que peu de bien, n’a que peu de reconnaissance, ne leur accorde que peu de gloire.

Il est possible que Louis XII eut un