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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/222

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filosofia nova

Laharpe, Palissot, Geoffroy et autres dandins qui veulent juger ce qu’ils n’ont jamais connu ni senti, qu’il n’y a de bon en comique que ce qui est comme Molière, en tragique comme Corneille et Racine, en éloquence comme Bossuet, Fénelon et Pascal.

Que toutes ces règles soient conclues directement par moi de mes observations sur l’âme et la tête de mes spectateurs, j’atteindrai le vrai beau et les Brutus futurs qui m’auront compris dans cinquante ans m’adoreront bêtement à mon tour.

*

Dans toute poésie (discours tendant à émouvoir) il y a deux degrés de mérite. Il faut 1o que tous les sentiments et idées de votre personnage soient naturels.

2o qu’ils soient choisis parmi tous les sentiments et idées naturels de manière à produire le plus certainement possible tel effet sur l’âme de tels spectateurs. C’est cette seconde opération que j’appelle sublimer.

Par exemple Goldoni a à un degré très élevé le premier mérite, il n’a presque pas le deuxième.

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Les passions[1] nous découvrent une infi-

  1. 7 thermidor XII.