Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
pensées

Chaque homme a plusieurs sortes de liens avec ses contemporains, chacun de ces liens ou contrats est plus ou moins cher.

Il est plus cher à mesure que la personne est plus près de nous.

Chercher combien aujourd’hui (1804) il y a de contrats qui lient chaque homme.

Un homme de la meilleure compagnie (car elle néglige de juger ceux qui ne sont pas de son sein) est lié

1o avec ses parents,
2o avec ses amis,
3o ensuite par un contrat distinct avec chacune de toutes les classes de la société.

Pour les contrats de cette troisième espèce la bonne compagnie est plus sévère à mesure que son degré de sympathie est plus [1], car il faut bien se souvenir que dans ces jugements c’est toujours l’amour-propre[2] qui décide seul la plupart du temps et quand il est arrêté ce n’est jamais que par la crainte d’encourir le blâme du public.

Le nombre des contrats et leur prix changent, ce me semble, à chaque siècle. Par exemple nous n’avons plus les contrats que chaque Thébain de légion sacrée avait avec son amant, que tout

  1. En blanc dans le manuscrit. N. D. L. É.
  2. Amour de soi, intérêt et non pas vanité, amour-propre est toujours employé par moi dans le sens de cette phrase.