Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
pensées

Cette vérité (Tencin me faisant raisonner juste up T. E. Dh) me fait voir qu’en suivant la nature, mes personnages qui auront la plus belle âme avec la meilleure tête seront bien plus aimables que je ne le croyais.

Ce que dit Jean-Jacques est vrai ; lu dans mes sensations.

Jean-Jacques dit des choses assez vraies sur Molière : il se fit un modèle idéal qui était l’homme qui aurait plu le plus possible à ses spectateurs, ensuite il attaqua les vices contraires. Il chercha donc à former un homme du monde et non point un honnête homme.

J’espère que dans ce siècle pour être bien dans le monde, il faut être un honnête homme. La Révolution a dégoûté des coquins. Au reste une question si importante pour moi vaut bien que je la fasse juger. Exposons donc au public un homme aussi honnête et aussi aimable que possible et examinons attentivement la manière dont il sera accueilli.

Il est évident que la chance a tourné depuis l’an 1666 où l’on joua le Misanthrope pour la première fois (il y eut 134 ans en 1800). Que la chance ait tourné, c’est ce que l’on sent aux représentations du Misanthrope où l’on aimerait mieux être en société avec Alceste