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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/232

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filosofia nova

qu’avec Philinte, et le succès du Philinte de Fabre qui plaît beaucoup quoiqu’il ne soit pas très aimable.

Nous sommes donc meilleurs que ne l’étaient nos ancêtres il y a 138 ans. Les vérités qui sont entrées dans notre tête ont fait que nous sentons davantage le prix de la vertu, et que par conséquent nous la récompensons mieux. Il ne faut donc qu’avoir une bonne tête (ou bien raisonner) pour être vertueux parmi nous. Voilà comment les lettres perfectionnent les mœurs. Cela est vu dans la nature.

Quelle est la femme qui oserait se permettre le mot de Mme de Montespan sur le malheureux vieillard que son carrosse venait d’écraser (Mémoires de Caylus). Voilà le siècle que nos dévôts nous vantent pour la vertu. Rappeler cela au premier acte of the 2 Men.

Notre tête s’est-elle perfectionnée toute seule, notre âme vaut-elle mieux que celle des gens qui en 1666 tenaient à la société par les mêmes rapports que nous ?

Le nombre des belles âmes a-t-il proportionnellement augmenté depuis 138 ans ?

Qu’est-ce qu’une belle âme ? C’est celle à qui son imagination a créé des récompenses qui ne sont réelles que pour elle, et chimériques pour le reste des hommes. Elle se paie de ses sacrifices avec ce noble assi-