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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/237

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pensées


*

De tout ce que j’ai lu, de tout ce que j’ai vu jusqu’aujourd’hui, je n’ai retenu que ce qui m’a semblé utile au talent que je veux acquérir de grand peintre de caractère. Tout le reste ne m’a été utile que par les idées que j’en ai retenues sur le champ, car des choses mêmes il ne m’en est pas resté un mot. Cela doit me servir de règle pour mes études à venir, n’en entreprendre aucune avant de m’en être bien prouvé l’utilité pour la passion régnante, car ce n’est que dans celles-là que je réussirai.

Quel profit l’homme qui veut devenir le plus grand poète possible peut-il tirer de l’étude de l’histoire ? Comment doit-il faire cette étude pour en tirer le plus grand plaisir possible avec le moins de frais possible ?

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Voici un moyen[1] de faire les plans de mes poèmes relativement aux actions que je fais faire aux personnages. C’est de bien m’assurer par des anecdotes certaines du point au delà duquel l’éducation et les qualités que l’homme apporte en naissant ne peuvent pas le porter. De

  1. 18 thermidor XII [6 août 1804].