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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/238

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filosofia nova

manière que je puisse dire de toutes les actions qui passeront cette limite : elles sont hors de la nature.

Cela fait que je pourrai composer mes caractères de tels matériaux qu’il me plaira et les faire agir naturellement, c’est-à-dire suivant leur intérêt tel qu’ils le verront, ayant eu soin dans la composition de mes caractères de n’y mettre que des éléments qui doivent produire nécessairement telles actions que je sais devoir faire telle impression sur le public.

Or il est possible que les actions des hommes n’ayant de bornes que l’impossibilité physique, les choses qui passaient pour horribles chez chaque nation, y ayant été cachées par ceux qui se les permettaient et ignorées ou celées par les historiens, il est naturel que si nous nous en rapportons aux historiens, ces choses n’ayant été racontées que par un petit nombre d’entre eux, nous les croyions rares dans la nature.

Il peut arriver que si nous ne voyons ces abus que dans une époque de la vie du monde, nous en concluions que cette époque est la pire de toutes.

Voici le fait qui a donné lieu à cette réflexion (Souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, tome IV, page 143) :

« La discipline militaire (en Prusse)