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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/244

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filosofia nova

dant remarquer que le froid philosophe ne sait plus ce qu’il dit lorsqu’il veut analyser ce qu’il n’a jamais senti. Je ne crois pas que je fasse jamais de grandes découvertes dans l’analyse des sentiments ordinaires de l’homme. Ce n’est pas mon génie, mais je puis décrire les sentiments que j’ai éprouvés, analyse qui sera neuve.

Au reste Steward est un des hommes que je dois lire avec le plus d’attention. J’y retrouve mot pour mot ma description de la manière de composer des Corneille, Raphaël, Molière. À lire Mme de Staël qu’il cite avec éloge, et il avait raison, il paraît qu’elle a senti de fortes émotions.

*

J’écrivais il y a deux mois : La tragédie développe une action, la comédie un caractère. Approfondir cela.

*

Machiavel dit : « Plus on réfléchit sur une entreprise dangereuse, plus on craint de la poursuivre. » L’espoir du plaisir pousse à quelque entreprise, on n’en voit pas d’abord tous les dangers, peu à peu on les aperçoit et la crainte du danger vient à l’emporter sur l’espoir du plaisir.

Voir Brutus (dans Shakspeare) parlant