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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/267

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pensées

faut que nulle douleur ne nous trouve attentifs ailleurs.

Le poète ou la nature peuvent nous présenter des personnages de telle sorte qu’au lieu de sympathiser complètement avec eux, nous ne les considérions que par les rapports qu’ils pourraient avoir avec nous.

Il ne faut pas prendre pour sympathie le désir de mieux connaître ces rapports qui nous fait entrer dans leurs motifs et qui, faisant que nous les reconnaissons, nous fait dire : c’est naturel.

Voilà les principes de la tragédie et de la comédie. Le poète tragique nous fait considérer nous-mêmes dans les autres. Le comique : les rapports des autres avec nous.

Dans la tragédie nous n’avons besoin des actions, qui intéressent le protagoniste auquel nous nous intéressons, qu’en canevas. Nous n’avons que faire de considérer les motifs qui portent Pyrrhus à accorder Astyanax à Oreste, ce mot seul : je vous accorde Astyanax, suffit. Nous exigeons seulement que Pyrrhus ne vienne pas détruire notre illusion, mais qu’au contraire il l’augmente autant qu’il est en lui en étant très naturel, mais nous n’exigeons pas que son caractère se développe.