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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/301

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pensées


*

Il semble d’après cela[1] que le poète comique se trompe lorsqu’il intéresse par ses personnages, il ne doit pas faire sympathiser le spectateur avec eux, il doit les lui rendre très aimables, lui faire désirer de vivre avec eux.

Suivre cette idée qui est un grand principe.

Les ridicules qui nuisent aux amants auxquels nous nous intéressons sont odieux, que seraient ceux qui nuiraient à des gens qui pour nous ne seraient qu’aimables ?

*

Il y a une grande différence[2] entre être philosophe dramatiquement et l’être simplement dans un livre.

Le poète ne doit pas dire, mais faire dire la vérité aux spectateurs, il ne doit pas leur dire : Geoffroy est ridicule, mais leur faire dire après avoir écouté sa pièce : que ce G[eoffroy] est ridicule !

Il doit leur faire sentir les vérités, et non pas les leur dire. Les dire en philosophe ne sert qu’à les faire lire malgré eux aux spectateurs.

  1. 20 fructidor XII.
  2. 19 fructidor XII.