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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/32

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filosofia nova

bonheur, trouve (plus ou moins) odieux tout ce qui s’oppose à son bonheur.

Cette disposition qui me fait voir mille défauts là où les autres voient la beauté, mais qui aussi me fait adorer bien plus fortement qu’eux la perfection quand je crois l’avoir trouvée, est très favorable à mon talent comique, mais peut être nuisible à mon bonheur.

Elle me fera voir une infinité de défauts qu’il faudra tâcher de faire trouver ridicules au public, pour cela il faudra ou trouver dans le public une âme telle que la mienne et alors produisant à ses yeux les mêmes objets qui m’ont affecté, je les lui ferai trouver odieux au même point qu’ils me le sont. Il faudrait alors faire un travail pour les leur rendre ridicules.

Ou ne trouvant point dans le public rassemblé au parterre une âme commune semblable à la mienne, il faudra trouver l’art de peindre à cette âme, qu’il faudra étudier, les défauts que je vois être un obstacle à la perfection de la société, sous un jour propre à exciter le rire.

Il me semble que les ridicules de caractère vus dans le monde ne font pas rire, ils sont si près de nous, et leur influence désagréable sur nous est si probable, qu’ils nous en sont odieux.

À mesure que l’influence de ces défauts