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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/342

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filosofia nova

Il me faut du nouveau n’en fût-il plus au monde.

C’est en agissant ainsi que je montrerai un génie vaste. Shakspeare montre beaucoup ce que nous, particuliers, nous avons à espérer ou à craindre de ses héros, dans leur vie commune ; il nous montre leurs caractères. Les autres tragiques le montrent, ce me semble, infiniment moins et n’offrent guère que leurs passions. J’ai le projet de suivre le principe de Shakspeare.

Je ferai faire des actions superbes à mes héros et les montrerai si aimables, si bonnement naïfs, avec des âmes si tendres dans la vie commune qu’on désirera vivre avec eux. Sorti de la salle le spectateur, oubliant les détails, sera frappé de leur grandeur. Voilà au moins une carrière neuve, si ce n’est la meilleure.

*

Nos pièces ne se sont pas même élevées à la force de notre histoire. Où est la pièce où nous voyons un Mazarin dire : « Donnez-moi deux lignes de l’écriture d’un homme et je me charge de le faire condamner comme coupable de trahison, par témoins. »

Où est la comédie où l’on voit le trait de [1] qui, chargé par

  1. En blanc dans le manuscrit.