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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/102

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c’est par des actions d’une chaleur forcenée[1].


Ancône, 26 mai. — Tout ce pays, qui a entrevu la civilisation sous le régime français, est bien en arrière de la Lombardie. Ils disent qu’il n’y a rien de pis que le gouvernement des prêtres. Les propriétaires de Bologne et de Ferrare donneraient vingt millions d’avoir pour gouverneur le comte de Saurau. M. G*** était le meilleur homme du monde, et il n’est pas d’intrigue avilissante qui, sous son gouvernement, ne se soit développée avec succès. Le temps des tyrans odieux est passé ; il n’y a plus que des imbéciles qui laissent faire le mal par qui a intérêt de le faire. L’air de férocité augmente rapidement depuis Ravenne. Au milieu de tous ces changements de gouvernements et de gouverneurs, on voit redoubler la défiance, cette base immuable du caractère italien et ils ont raison : ici l’on ne saurait trop soupçonner. Cette circonstance favorise

  1. Les abus qu’on est forcé de rappeler, pour être peintre fidèle, n’existent plus, sans doute, mais leurs conséquences subsistent encore dans les mœurs pour un siècle.