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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/116

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n’est entré que d’hier dans la chambre basse, donne sa voix et son influence à aucune brigue de lords ou de ministres, si ceux-ci ne consentent à le recevoir, lui et toute sa famille bourgeoise, dans leur société intime, et ne le traitent pas en tout comme un égal. La même scène, qui scandalise l’orgueilleuse duchesse dans son château gothique, descend jusque sous la chaumière du pauvre. Ainsi l’aisance et la gaieté françaises sont bannies de la société bretonne par une suite immédiate du principe qui défend nos libertés à la chambre des communes, et qui empêche nos rois de faire des révocations de l’édit de Nantes.

« C’est à la même noble origine que j’attribue la froideur gauche et l’ignorance de nos femmes. Je sais bien que, officiellement parlant, les dames n’ont aucune fonction politique dans aucun État de l’univers ; mais dans le fait, en 1775, les femmes gouvernaient beaucoup plus l’Europe que les hommes. Vous n’avez qu’à voir l’incroyable traité de 1758, qui réunit l’Autriche à la France, et que le prince de Kaunitz arrangea, à Paris, par les femmes de finances[1]. Dès qu’un homme est ministre, il ne pense plus qu’à

  1. Rulhières Makintosch, Histoire du dix-huitième siècle.