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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/129

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obstacle à la liberté : c’est la compensation de leur originalité. En France, il n’y a que Paris ; Paris écrème tout. Si Arras ne déteste pas Lille, c’est faute de vie, et beaucoup aussi grâce au gouvernement juste dont elles jouissent depuis vingt-cinq ans. Pour moi, une fois que je ne suis plus à Paris, j’aime autant Valence que Lyon. En Italie, l’acteur, le livre, l’homme puissant, qui sont portés aux nues à Brescia, sont sifflés à Vérone. Como, petite ville à trente milles de Milan, vient de bâtir à ses frais un théâtre de huit cent mille francs, plus beau qu’aucun de ceux de Paris, et siffle fort bien les grands acteurs de Milan qui viennent y chanter. Il faut toujours répéter : La pianta uomo nasce piu robusta qui che altrove.

On ne plaisante que dans le royaume d’Italie ; partout ailleurs, le langage sérieux, exact, méfiant, que donne le voisinage du pacha, à Rome surtout. En arrivant, ma pratique constante est d’aller au spectacle, et de me placer près de l’orchestre, de manière à suivre la conversation des musiciens. À Turin, ils se regardent d’un air en dessous ; parlent peu, souvent un sourire amer ; ils plaisantent sans cesse entre eux à Milan, du ton de la plus parfaite bonhomie.