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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/141

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Venise, 21 juin. — Mon cœur est malade. L’opéra seria, et l’opéra seria joué par des cantatrices froides, ne peut que m’intéresser faiblement. Je m’amuse à voir déraisonner mes Anglais ; tout leur fait horreur dans ce pays ; je parle à des puritains.

22 juin. — Rien à écrire : tout m’ennuie. Oserai-je vous le dire ? vingt fois par jour je suis tenté de faire un paquet de toutes mes lettres de crédit, de les renvoyer à Berlin, de ne me réserver que deux cents louis, et de voler à Rovigo. Après tout, que puis-je perdre en Italie ? de l’argent. Je me surprends avec cette dangereuse maxime : Huit jours de bonheur valent mieux que dix ans de cette vie insipide que je mène avec mon ministre.

23 juin. — La Marcolini chante ici le Tancredi. Elle fait admirer les restes d’une belle voix et d’un jeu ferme. Le moment, d’enthousiasme pour la gloire,


    de l’Italie. Pour connaître parfaitement le physique de ce singulier pays, il faut lire la Conchiliologia fossile de M. Brocchi, et le Voyage d’Arthur Young, si mal traduit.