Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

*

Conversation étonnante avec deux nobles piémontais à Dezenzano, promenant sur le lac de Garde. Si j’étais roi, tous mes ambassadeurs seraient Piémontais ; c’est le peuple le plus sagace de l’univers. Tout ce qui est frivole ne les arrête pas un instant, ils mettent sur-le-champ le doigt sur la plaie ; en cela, bien supérieurs aux Français qui s’amusent à chercher les facettes épigrammatiques. L’un d’eux rajeunit dans son dialecte par une expression plus belle que Tacite, tant elle montre de desinganno de tout, cette vieille vérité : « Le gouvernement de la grande île de Madagascar est aussi illibéral et plus que celui d’aucun petit royaume despotique ; seulement il est forcé à plus d’hypocrisie. » Il finit par cet excellent mot de M. Say : « Jugez un gouvernement par ceux qu’il place. »

*

À Venise, V.... ne voulait pas applaudir Mozart, parce qu’il est Allemand ; on voit l’esprit général que je suis loin d’approuver.

*

Il y a à Venise un Anglais qui a enlevé