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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/161

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sa belle-sœur, et l’a ensuite épousée. Cette petite plaisanterie lui a coûté trente mille livres sterling[1] ; il a remercié dans les journaux le mari malheureux de lui avoir fourni cette occasion de prouver son amour. À Venise, aucune Anglaise ne reçoit cette dame ; mais, comme elle est aimable, on la rencontre dans toutes les sociétés italiennes. Jamais l’imagination la plus glacée ne pourra se figurer les détails de l’intérieur de ces deux amants passionnés. Il n’y a pas le moindre nuage, mais bien des détails de froideur et d’apparente indifférence qu’une Française ne supporterait pas une demi-journée, fût-ce d’un roi. Je sais ce dont je parle à n’en pas douter, et je ne puis rassasier mon étonnement : j’attribue cela à la morgue nationale. Un Anglais se croirait déshonoré si un être quelconque pouvait croire qu’il est nécessaire à son bonheur.

*

À Vérone, l’on m’a montré de loin un des deux marquis Pindemonti. C’étaient deux nobles de terre ferme : l’un avait plus de culture, il est mort depuis peu ;

  1. Il est ignoble de prendre cet argent ; on en fait un hôpital, qui, par son nom, perpétue la vengeance.