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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/176

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et ce silence de l’extrême chaleur ; seulement un petit venticello de l’est vient de temps en temps rider la face des eaux. Nous parlions littérature, peu à peu nous discutons l’histoire contemporaine ; ce que nous avons fait, ce que nous aurions dû faire, les folles jalousies qui nous divisèrent. « J’étais là à Lutzen. — Et moi aussi. — Comment ne nous sommes-nous pas vus ? etc., etc.

Une conversation montée sur ce ton de franchise ne laisse pas dissimuler. Après trois heures rapides, passées au bord des précipices de la villa Sfrondata, nous voici à la villa Melzi. Je m’enferme dans une chambre du second étage ; là, je refuse mes yeux à la plus belle vue qui existe au monde après la baie de Naples ; et, arrêté devant le buste de Melzi, tout transporté de tendresse pour l’Italie, d’amour de la patrie et d’amour pour les beaux-arts, j’écris à [a hâte le résumé de nos discussions.

On ne peut plus, au milieu de la grande révolution qui nous travaille, étudier les mœurs d’un peuple sans tomber dans la politique. La révolution, qui commença en 1789, finira en 1830 par l’établissement universel des deux chambres, aussi bien en Europe qu’en Amérique. Les Français seront alors regardés comme les fils aînés