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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/192

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Riva, 20 juillet. — Nouvelle conversation avec mes officiers italiens dans le bateau[1]. Milan l’emporte sur Bologne. Comme individus, les Bolonais l’emporteraient peut-être ; mais :

1o Milan est plus grande ville (130 mille âmes), et, partant, beaucoup plus de sottises y sont méprisées, et l’exemple des temps passés y a moins de force. Il y est déjà ridicule de parler de ses affaires d’intérêt.

2o Milan a été quatorze ans la capitale d’un vaste royaume ; on y a vu les grandes affaires de près et le jeu des passions. Pendant ce temps-là, Bologne était jalouse ; il est vrai que, dans cette mauvaise carrière, elle montrait de l’énergie. Elle se révoltait (1809).

3o Milan est près de la Suisse, qui fournit des livres à la haute société ; il y a un exemplaire du Morning-Chronicle qui coûte trois mille francs au moins au noble qui le fait venir. Il y a dix ans, on n’eût pas

  1. Il faut remettre toute idée claire sur l’histoire d’Italie, depuis vingt ans, au jour où les délits de la presse seront jugés par douze jurés ayant chacun trente mille livres de rente. Jusque-là, restons dans le vague. Voyez l’ouvrage de M. Benjamin Constant sur les jugements de 1817.