Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvé deux personnes qui lussent les journaux ; actuellement, on voit les domestiques qui vont les chercher au bureau les lire dans les rues.

L’éducation de quatorze ans (1800 à 1814), donnée par hasard sous un despote qui ne craignait au monde que l’éducation, y avait produit des héros. Qu’aurait-ce été de l’éducation donnée par un prince philosophe ? Tout ce qui est grand a des droits particuliers sur le cœur de ce peuple. Beaucoup plus méfiant que le Français il est meilleur juge de la grandeur dans ses princes. Un demi-siècle de l’ordre de choses qui l’a si rapidement élevé en quatorze ans n’aurait pas remué une autre nation. La Lombardie se regarde pour le degré de liberté publique comme une appendice de la France ; on y suit avec le plus vif intérêt les discussions de nos chambres.

La fièvre du mécontentement brûle ce pays-ci comme tous les autres ; cependant je les ai priés de considérer trois petites choses :

1o Dans tout le royaume d’Italie, depuis 1814, il n’y a eu que vingt-trois personnes d’arrêtées ;

2o Il n’y a pas eu l’ombre d’une réaction, pas une goutte de sang. Le gouverneur Bellegarde jetait les dénonciations au feu ;

3o Ils ont pour gouverneur un homme