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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/20

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damne et envoie aux galères tout ce qui ne l’aide pas dans ses friponneries. Le rôle d’un cabaretier, bonhomme, qui, quand il a bu, ose dire la vérité au prince déguisé, et qui, au retour de son bon sens, meurt de peur de son imprudence, est excellent, parfaitement dans la nature : c’est une idée profonde, digne de Molière. Au moment où l’on arriverait à l’odieux, un dialogue plaisant distrait. Le prince, qui est un très-jeune homme, s’amuse du cabaretier et ne s’indigne point trop. Trait frappant en Italie ! Le prince est un bonhomme, sous le règne duquel on commet, sans qu’il s’en doute, les horreurs les plus infâmes ; telle est la comédie intitulée : Un Giorno del Principe nelle Maremme di Siena.

Le prix d’entrée, à ce théâtre, était de huit bajoques {neuf sous) ; il fallait voir l’attention étonnée du peuple. C’est en vain que j’y suis retourné ; je me suis toujours trouvé dans les plus sentimentales traductions du français et de l’allemand.

6 janvier. — J’ai rencontré un vrai talent à Rome, c’est le directeur des marionnettes de bois, les seuls acteurs que, pour l’intérêt des mœurs, le parti ultra laisse paraître ici pendant dix mois de l’année. C’est en vain que le premier