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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/22

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Français. Nous sommes adorés d’un bout de l’Italie à l’autre : les peuples n’aiment un peuple que par suite de la haine qu’ils ont conçue contre un autre.

Que dirai-je de deux matinées passées tout entières dans l’atelier du marquis Canova, jusqu’à avoir un mal à la tête fou ? Pour le sentiment du beau, dans les arts et dans la nature, en France, l’on tire le meilleur parti possible d’un petit filet d’eau : ici, c’est un fleuve immense ; il est vrai que les arbres plantés sur ses bords ne sont pas alignés. Les Adieux d’Adonis et de Vénus : voilà enfin de la sculpture expressive sans cesser d’être sublime de beauté.

Le soir, l’on me mène à une académie de beaux-arts : l’ennui m’assomme ; quand ces nigauds verront-ils que les beaux-arts sont le produit charmant d’une fermentation générale et profonde dans un peuple ! Imiter, par des moyens artificiels, les signes extérieurs qui couvrent cette fermentation et en attendre Îles mêmes effets, c’est faire des académies.

  1. Ici figuraient dans l’édition de 1817 les dix pages reprises dans l’édition de 1826 et qu’on trouvera au tome II de notre édition, depuis : « Nous avons trouvé une vallée charmante », p. 150, jusqu’à : « Cette salle reconstruite… », p. 159. N. D. L. E.