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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/223

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Cracas, au Cours. C’est là que nous nous donnions rendez-vous. Mais nos amis romains, quoique brûlant de lire la Gazette de Lugano et le Constitutionnel, n’osaient s’y hasarder. Le gouvernement approuve cet établissement : on dit même qu’il l’a conseillé ; mais certaines gens qu’on m’a fait voir s’y rendent assidûment et prennent des notes sur les personnes qui viennent, pour les dénoncer dans un meilleur temps. J’ai vu un Romain se faire apporter les gazettes le soir ; son domestique allait les prendre dans une rue écartée, et ce descendant des Fabius mettait le plus grand soin à ce qu’on ne découvrît pas son stratagème.

À Naples, il y a aussi un cabinet littéraire, Contrada San Giacomo ; mais l’abbé Taddei, qui fait la gazette du pays, et qui prouve trois fois par mois que nous sommes tous des Marat et des Robespierre, a été offensé, dit-on, des répliques du Journal des Débats, qu’il calomnie, et dont il obtient la suppression comme trop libéral, quatre fois la semaine.

Il est vrai que ledit abbé laisse venir la Gazette de Lausanne. Je n’ai pas besoin de dire quels livres j’ai vus chez les libraires, les Préparations à la mort y sont en abondance. Parmi les trois cent quarante mille habitants de Naples, il peut y avoir trente penseurs de la force de l’abbé Galiani, mais ils se rappellent la fin de Cirillo.