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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/30

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servira de thème aux Shakspeares futurs, et nous la verrons sur la scène quand nous aurons des cheveux blancs.

Comment veut-on que nous ressemblions à nos pères ? Il y a trente ans qu’un homme appelé par une jolie femme au milieu de la nuit aurait eu assurément toute autre idée que de prendre un passeport faux, de l’or, des pistolets et un poignard ; et il y a trente ans qu’une belle Romaine n’aurait pas réuni trois jeunes gens, à l’insu de toute sa maison, pour lire un pamphlet politique. Entre nous quatre nous n’avions pas cent ans.

16 mars. — Rien pour la musique à Rome pendant le carême. Je ne trouve dans mon journal que des observations sur la comédie et sur les mœurs qui tiennent de trop près à la politique. Mon respect et mon admiration pour le cardinal Consalvi redoublent à mesure que je vois mieux par quelle abjecte canaille il est entouré. Dieu ! pourquoi l’Angleterre n’a-t-elle pas un tel ministre ?

Le pape veut faire son salut ; et, croyant en conscience que le cardinal Consalvi a plus de talent que lui pour gouverner, il lui a remis le despotisme civil. Le despotisme religieux est entre les mains du parti ultra, qui a pour chef le vertueux