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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/31

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cardinal Pacca. Deux ou trois fois par mois, ce parti, en travaillant avec le pape pour les affaires de la religion, lui expose que les mesures du cardinal Consalvi tendent à augmenter le nombre des damnés parmi les sujets de l’Église. Alors le pape, les larmes aux yeux, a une explication avec son ministre.

Celui-ci répond par cette maxime : « Je juge des crimes secrets par les crimes qui arrivent à la connaissance des tribunaux, et non par les rapports des confesseurs. Un souverain est responsable, aux yeux de Dieu, de tous les crimes que ses lois laissent commettre. Les crimes et l’esprit général de friponnerie étaient diminués des deux tiers sous le gouvernement français. La perversité a reparu sous le gouvernement ultra qui m’a précédé. Je reviens aux mesures françaises. J’ai déjà trois cents assassinats de moins par an ; ce qui fait probablement six cents damnés de moins. »

Comme rien n’est au-dessus de la modestie et du désintéressement de ce grand ministre, le vénérable pontife finit ordinairement par l’embrasser en pleurant et en lui recommandant les âmes de ses sujets. Les trois quarts des cardinaux sont très-pieux ; mais, comme nos grands hommes d’État, ils n’ont que l’expérience