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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/36

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« Voilà, disais-je aux Romains, à quoi nous ont servi vos tableaux. Voyez nos monnaies, voyez notre papier marqué ; jamais vos âmes ne tireront rien de nouveau de ces chefs-d’œuvre. La bonté de l’archet n’y fait rien, c’est le corps de l’instrument qu’il faut renouveler. » Tous les tableaux pris à Paris sont réunis au palais du Vatican dans la salle Borgia.

17 mars. — Je suis tout étonné de n’être pas réveillé tous les matins, à trois heures, par un détestable concert, composé d’une cornemuse et d’une petite flûte droite ; on m’apprend que ce sont des paysans qui viennent des Abruzzes, quinze Jours avant Noël. Comme de pareils musiciens se trouvaient dans l’étable où naquit Jésus-Christ, les dévots les payent pour réveiller tout le quartier. Au fond, leur musique peu variée est très-originale et très-juste ; mais il est ennuyeux d’être réveillé. À peine on se rendort que les vendeurs d’eau-de-vie, avec leur petit cri singulier et bref, vous réveillent de plus belle. Un cardinal me disait qu’il était très-probable que ce sont identiquement les mêmes airs et les mêmes instruments qui charmaient les Romains dans les fables attellanes : il en est de même des caractères d’Arlequin et de