Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aujourd’hui, à la suite du boulevari général, il est occupant de soigner le maintien de ses droits.

Le cardinal, avec ses deux haridelles et son vieux carrosse à train rouge, veut trouver dans la société les respects qu’on accordait aux Bernis et aux Acquaviva. Le prince, qui a six cent mille livres de rente, se moque de lui. Mais il trouve le colonel d’un des régiments du pape ; autrefois c’était une espèce de laquais, aujourd’hui c’est le colonel de la Mojaïsk et de Montmirail. On se regarde ; personne n’est sûr de garder le rang qu’il occupe. D’un bout de l’Europe à l’autre, le mécontentement est général[1]. J’ai trouvé les mêmes propos dans la bouche du Batave et du Romain ; partout les discussions finissent par ces mots : Qui peut prévoir ce qui se passera d’ici à vingt ans ? La société, telle qu’elle était à Rome sous Benoît XIV, est un amusement de gens oisifs ; or les peuples ne seront oisifs que vingt ans après avoir obtenu les libertés qu’ils demandent.

La France perd beaucoup, et l’Italie presque rien. On y fait toujours l’amour, et avec plus de passion qu’il y a trente ans.

  1. Mercure du 15 juin 1817.