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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/41

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Dimanche 20 mars. — Les femmes ne peuvent pas être présentées au pape ; mais, tous les dimanches, à une heure, Sa Sainteté se promène dans le jardin du Vatican, et trouve sur son passage les dames étrangères. Aujourd’hui il y avait soixante Anglaises, dont trois ou quatre de la première beauté ; elles avaient l’air emprunté ! Tout s’est fort bien passé. Pour moi, je suis amoureux du pape, et indépendamment de mon respect pour le gouvernement du cardinal Consalvi, je voudrais qu’il vécût un siècle.

Hier, je me promenais dans ce même jardin du Vatican avec un prélat de mes amis. Nous avons rencontré Sa Sainteté : j’ai mis le genou en terre sans aucune répugnance. À vingt pas de nous, nous avons vu une figure d’hypocrite se précipiter aux genoux du pape ; j’ai cru qu’on demandait la grâce de quelque condamné. Pas du tout : la figure noire demandait une bénédiction ; ces choses-là ne font plus d’effet. Mon prélat m’a dit aussitôt : « C’est un usage ancien, et que Sa Sainteté voit avec beaucoup de peine, que, lorsque quelqu’un lui a été présenté, sa livrée va le lendemain se réjouir avec la personne qui a eu cet honneur. Cette cérémonie déplaisait beaucoup à une certaine nation ; il y a eu abonnement.