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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/44

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Le danger était pressant, je tombais de faim ; tous les boulangers, tous Îles traiteurs étaient fermés. Heureusement mon cocher m’offre de me mener chez lui ; j’y ai trouvé des caroubes (c’est un fruit qu’on donne aux chevaux) et du pain mouillé qui m’a semblé excellent. J’ai remarqué chez ce cocher que la Befana remplace à Rome le loup-garou. Les enfants frémissent à ce seul nom. C’est la Befana qui est supposée leur faire des cadeaux le jour de l’an.

22 mars. — Après Smolensk, la plus jolie position que j’aie vue pour une ville non maritime, est celle de Rome. C’est en même temps le peuple le moins civilisé. Je crois fermement, d’après deux cents anecdotes que je ne transcris pas et pour cause, qu’il y a moins à travailler pour faire un peuple civilisé des sauvages du lac Érié, que des habitants du patrimoine de saint Pierre.

L’ambassadeur de ***, que j’ai trouvé ce soir chez le duc Torlonia, banquier, et auquel je faisais part de ces idées charitables, m’a dit que je serais bien plus scandalisé de l’Espagne, et cependant l’Espagne a produit un Auguste Arguelles. Quant à la bravoure, l’armée française a vu une centaine d’officiers romains