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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/56

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parte ; la Lombardie a fait tout le contraire. Dans ce moment, il y a une espèce de liberté de la presse à Pise. L’impression de Pignotti, qui, emporté par les crimes qu’il raconte, va jusqu’à injurier les papes, n’eût pas été tolérée à Turin et peut-être à Milan ; mais jamais un Bolonais n’eût écrit l’histoire des palais de Toscane de M. Anguilesi[1].

Qu’arrivera-t-il de l’italien ? Question fort difficile. Si ce peuple avait promptement les deux chambres, les discussions parlementaires sauveraient l’italien, la littérature de la capitale viendrait à l’appui ; sinon, la haine s’envenime tous les jours entre la clarté française et la langue du treizième siècle. La plupart des livres qui se publient sont comme la prose poétique de Bernardin de Saint-Pierre ou de M. Marchangy, qui serait parsemée de mots gaulois exhumés de Ronsard. Un Milanais, homme charmant, que j’ai trouvé chez madame d’Albany, m’assurait qu’il est inutile de traduire les livres français pour Milan. On a traduit le Congrès de Vienne, duquel on n’a pas vendu vingt exemplaires ; tout le monde achetait la contre-façon française de

  1. En voir l’extrait dans la Bibliothèque universelle. Exemple curieux de servilité ! cet auteur flatte les Médicis éteints depuis cent ans.