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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/65

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Jamais un Français vulgaire ne comprendra le talent d’Anelli : c’est la muse comique courant des bordées contre la monarchie la plus soupçonneuse.

N’a-t-il pas eu la hardiesse de se moquer, sous Buonaparte, de la nullité du sénat d’Italie ? C’est là tout le secret des longues scènes de Papatacci dans l’Italiana in Algeri[1].

Aujourd’hui, il vient de tourner en ridicule Tramezani au milieu de son triomphe. Dans ce pays c’est un trait d’esprit, mais c’est encore plus un acte de courage. Telle femme le haïra encore dans dix ans.

À en juger par mes Anglais, les étrangers quittent l’Italie sans même se douter des mœurs de ce pays. Ceux qui commenceront à les entrevoir doivent lire l’opéra buffa en un acte intitulé : I Virtuosi di teatro. Ce sont les mœurs des coulisses d’Italie. Cela n’a nul rapport avec nos théâtres, les troupes ici ne durant jamais que trois mois. Dans la farce d’Anelli, le frère de la première danseuse a une dispute avec le père de la prima donna.

  1. Mangiar, bere e lasciar fare.

    On passe ces scènes à Paris, où d’ailleurs ce pauvre opéra est gâté de toutes les manières. En 1816 il était donné à Milan avec une pompe orientale. Il fallait voir Galli dans le rôle du bey, Paccini caïmacan et la Marcolini dans l’Italiana.