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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/77

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que, quand ces gens-là sont naturels et ne veulent plus faire d’esprit, ils sont divins.

L’esprit, à Paris, manque de sagacité et s’allie souvent à la badauderie sur les grandes questions de la vie ; il veut trop paraître. Un de nos petits auteurs, charmant le premier jour, montre le tuf dès le second. En un dîner il vous parle de tout ce dont on peut parler. Ici, un jeune homme distingué, pédant le premier jour, est enchanteur dès qu’il ne songe plus à l’être. Les satires de Voltaire sont plates, si on les compare aux petits poëmes satiriques qui ont couru, en ces derniers temps, à Bologne, Venise, Milan : c’est la naïveté et la force de Montaigne réunies à l’imagination de l’Arioste.

4 mai. — Il y a ici sept à huit Polonaises charmantes. Pour moi, c’est l’idéal des femmes. Elles courent les peintures toute la journée ; elles ont imaginé de se faire faire un cours de peinture par un Danois qui, malheureusement, paraît beaucoup trop aimable à la plus jolie d’entre elles. Le lieu des leçons est la galerie de cet aimable comte Mareschalchi que nous avons vu nous donner de si jolies fêtes dans sa maison des Champs-Élysées. Je suis allé aujourd’hui à ce cours, non