Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/91

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dans la langueur, et pour amener, d’une manière à peu près convenable, les dialogues élégants dont elle se compose. Shakspeare était satisfait si sa fable se trouvait assez bien ménagée pour ne pas choquer trop fortement cette disposition à l’illusion que le spectateur apporte au théâtre. Il croyait avoir assez fait pour son style quand il avait évité tout ce qui pouvait être ridicule. Dans le monde, quand nous parlons à nos rivaux ou à nos amis, sommes-nous affectés par ce qu’ils nous disent ou par le plus ou moins d’élégance de leur toilette ?

« Alfieri ne vit point les choses de si haut. Il ne vit point d’un côté les actions des hommes, et de l’autre les diverses manières de les peindre qui ont fait les diverses écoles dramatiques. Il partit du genre français, le seul qu’il connût. Il prit ses souvenirs pour le résultat de ses observations. Avec un peu plus d’esprit il se fût rendu la justice qu’il n’avait jamais fait d’observations. L’école qu’il a suivie admet beaucoup moins de ces choses prises dans la nature qui me charment chez le poëte anglais. Dans ce genre étroit, Alfieri est excellent. Ses fables sont admirablement imaginées, et développées avec tout le génie possible : tous ses caractères expriment des sentiments naturels, avec