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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/154

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version à ma douleur qui, en se prolongeant, altérait ma santé et même mon caractère.

À la fin de notre deuil, nous allâmes en Allemagne (1820-1821). Mon père qui avait, paraît-il, le goût, mais non la capacité des affaires, avait compromis la fortune de ma mère dans des entreprises malheureuses et qui embarrassaient la succession. L’oncle Bethmann conseillait à sa sœur de venir à Francfort, promettant d’obtenir de mon aïeule, pour cette première année d’une liquidation difficile, la remise de la pension de vingt-cinq mille francs que, en vertu du testament de mon grand-père, chacun de ses enfants servait a la vieille dame.

Mon frère, par la protection de M. Pasquier, ami et allié de notre grand’mère Lenoir, et qui avait depuis un an (novembre 1819) le portefeuille des affaires étrangères, entrait dans la carrière diplomatique[1]. Il était attaché à la légation de France en Prusse, et devait rejoindre, à Berlin, son ministre, le marquis de Bonnay. Nous partîmes donc tous trois ensemble pour Francfort vers la fin de novembre de l’année 1820. Il ne pouvait plus être question de me mettre en pension. — J’avais quatorze ans et je paraissais en avoir seize. La tristesse qui m’avait pénétrée après la mort de mon père, la nature, qui s’était dé-

  1. Appendice I.