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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/196

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cité très-chrétienne que l’on s’était trompé à mon égard, que l’on m’avait fait tort, qu’on le regrettait, elle plus que personne ; qu’on savait maintenant à n’en pouvoir douter que je n’avais connu ni la défense du bouquet, ni l’usage des communautés, ni la signification des couleurs. Sans flatteries, sans caresses ni promesses, par la simple vertu d’une parole vraie, madame Barat me calma et me guérit. La main dans sa main, réconciliée, j’écoutai les réflexions qu’elle crut devoir faire, les avertissements qu’elle me donna sur les inconvénients, sur le danger des affections trop vives, sur la nécessité de modérer même les plus légitimes.

Je promis de n’oublier point ses conseils ; hélas !… — À partir de ce jour, je ne vis plus madame Antonia qu’à la classe. Quand je quittai le couvent, elle était absente. Je ne lui dis pas adieu, je ne l’ai jamais revue. Je crois qu’elle ne vécut pas très-longtemps. Elle était de ces êtres délicats, voilés, mystérieux, qui ne font que passer sur la terre.

À la fin de l’année scolaire, aux fêtes de Pâques de l’année 1822, on nous annonça que l’archevêque de Paris allait venir présidera la distribution des prix, et j’appris à ma grande surprise que j’avais le prix de science. J’en fus toute confuse. Ma conscience me disait que cette couronne de lauriers qu’on allait mettre à mon front s’y posait sur une multitude d’i-