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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/205

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tence à part qu’elle s’y était faite, l’entourage assez bizarre qu’elle s’était choisi et surtout l’exaltation de ses opinions politiques, qui l’avaient poussée dans le journalisme et jusque dans les complots du libéralisme bonapartiste. En 1815, Auguste avait sollicité la faveur d’être admise parmi le petit nombre des fidèles qui devaient suivre l’empereur à Sainte-Hélène : c’en était assez, on le comprend, pour la rendre incompatible avec notre milieu vendéen.

D’autre part, l’oncle Bethmann, qui n’approuvait guère plus qu’on ne le faisait chez nous les opinions de sa nièce et craignait ce qui en pourrait suivre, entreprit de la ramener à Francfort, et, pour ce faire, il lui persuada de prendre un second mari. Il en tenait un tout prêt à sa disposition, une personne versée dans les affaires de banque et qu’il estimait capable d’entrer comme associé dans la maison Bethmann : M. Auguste Ehrmann, de Strasbourg, neveu du ministre résident des villes hanséatiques près la cour de France. Après les premiers pourparlers, quand mon oncle eut l’agrément de ma sœur pour son projet, — c’était durant l’hiver de l’année 1817 — il amena chez nous son futur neveu.

J’avais onze ans. Un jour, fort irritée des visites interminables que faisait à mes parents M. Ehrmann, dont l’arrivée était chaque fois le signal de ma sortie du salon : « Que ce monsieur m’ennuie ! m’écriai-je,